Cet article m’a plus qu’était inspiré par Bertrand Bonnesoeur, que je remercie pour nos infinissables discussions sur l’agilité (entre autres sujets) qui durent depuis des années et qui je l’espère durerons jusqu’à n’en plus finir.

Un constat

Camarade développeur, si souvent, tu te sens perdu dans ce soi-disant nouveau monde agile, c’est bien normal. L’agilité, telle que tu la découvres en 2023, elle t’a oublié.

Il ne faudrait pas oublier que le premier concerné par l’agilité, c’est le développeur, peut-être même plus que le directeur de BU qui au final sera lui beaucoup plus ménagé par un accompagnement sur mesure au changement.

Pourquoi autant de certified scrum master©, certified scrum product owner© et si peu de certified scrum developpers© ?

Est-ce que la scrum alliance ou scrum.org se soucient de former les développeurs ? Ça semble être une priorité bien basse dans leur carnet de produit Pour preuve, l’offre en termes de formation en date du 31/01/2023 :

Respectivement 823, 458 et 28 offres de formation… (virtual or in-person instructor-led and instructor-centered learning, with a fixed start and end date)


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Au 1er février 2023, cela donne, en nombre total et cumulatif de personnes certifiées :

  • Scrum master : 548,774
  • Product owner : 161,749
  • Scrum de developer : 17,176

Cherchez l’erreur…

Petit rappel historique

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Petit rappel historique, et oui, on est plus tout jeunes, et tout ça, c’est de l’histoire. En 2001, une bande de consultants développeurs, pour la plupart américains, se réunit dans les montagnes de l’Utah pour un petit séminaire de 17 personnes qui a pour but de partager leurs diverses expériences et dégager des principes issus de leurs pratiques respectives.
Ces mecs-là, bien que toujours inconnus du grand public, et malheureusement de la plupart des développeurs, sont à la pointe de l’expérimentation, en termes de méthodologies de travail. Ils ont l’expérimentation dans le sang, ils ont inventé des pratiques, les ont appliqués durant des années dans différents contextes, et veulent comprendre pourquoi, malgré leur expertise et le fait d’être entourés de personnes talentueuses, certains projets/produits sont des succès en terme d’exécutions et pourquoi d’autres sont de complets échecs.

Après quelques sessions de ski, et malgré l’absence de raclettes et de vin chaud, ils arrivent à pondre le Manifeste pour le développement Agile de logiciels : 4 valeurs, 12 principes.
Comme tout bon manifeste, c’est court, c’est clair, c’est efficace, c’est signé :

Kent Beck
Mike Beedle
Arie van Bennekum
Alistair Cockburn
Ward Cunningham
Martin Fowler

James Grenning
Jim Highsmith
Andrew Hunt
Ron Jeffries
Jon Kern
Brian Marick

Robert C. Martin
Steve Mellor
Ken Schwaber
Jeff Sutherland
Dave Thomas



On n’a pas affaire ici à une bande de rigolos, la suite de leur carrière, sinon la prémisse l’a prouvée.

Parmi eux, l’initiateur de l’extreme programming, le gars qui a créé le modèle du wiki (vla la postérité et open source hein, niveau web2 ça pèse), des pointes dans le développement orienté objet issu de smaltalk, le clean code, des gens qui s’intéressent à l’humain aussi comme Jon Kern aka « the father of retrospectives », les deux fondateurs de scrum (ce que c’est devenu est plus discutable, mais y a un sale type et un autre moins mauvais, faites vos recherches ah ah).
Bref pas une bande de coach agiles lambda 😝. Certains ont mal tourné, la vieillesse est un naufrage ? Pour certains oui, n’empêche qu’avant de faire de la merde, ils ont contribué activement et parfois sans visée commerciale à une vraie bouffée d’air et un vrai progrès impactant la vie de nombreux développeurs.
Je ne les idolâtre pas, certains sont bien tombés dans une dérive commerciale, et c’est un des objectifs de cet article que d’en parler. D’autres sont restés, fidèles à leurs idéaux, c’est infiniment respectable (ils ont gagné moins de pognon au passage, 😂).

Gardons à l’esprit qu’avant d’être devenu un cash flow au point d’être un des produits des grands cabinets de conseils, le concept d’agilité appliqué au développement est fait par des développeurs pour des développeurs.

Une conception humaniste

Scrum est et reste une belle idée.


On va parler un peu d’idées et de morale là maintenant. J’aimerais qu’on se mette d’accord sur le fait qu’on puisse avoir une belle idée, qu’on arrive à la faire vivre, c’est-à-dire à modifier la destinée de nombreuses personnes comme votre narrateur avec cette idée, mais qu’ensuite, au fil du temps, on s’en éloigne, qu’on en fasse un business très juteux et qu’au final, on se salisse soit même.
Le résultat, c’est qu’on va discréditer l’idée qui pourtant reste immaculée, mais qui pâtit désormais de la vile aura de son auteur.
On retrouve ce phénomène un nombre incalculable de fois dans l’art, par exemple. Le Caravage, Céline, pour l’un la beauté crue de l’humanité et la sauvagerie de l’être, pour l’autre la force de vie et la plus vile bassesse de l’humanité.
Bref les idées n’appartiennent pas à leurs auteurs pour faire simple. Scrum est et reste une belle idée.

Au-delà du premier cercle de l’agilité, il y a une myriade de personnages qui ont contribué de prêt ou de loin au concept, par leurs pensées ou par leurs actions.
Je vous invite à lire Tobias Mayer, qui défend une interprétation humaniste de scrum. Certainement rien à voir avec les tentatives de greffe avec rejet dont vous avez été témoin, malheureusement. Lui ne se pignole pas sur les débats du moment, lui fait preuve d’une profonde et belle réflexion qui découle de la pratique avec les gens, sur le terrain en partageant leurs peines et leurs joies (ce qui manque et a je pense produit le discrédit de cette profession de « coach agile »).

L’art du dépouillement en quelques mots ou comment revenir à l’essence de scrum:

Scrum is really very simple. Here’s a 5-step guide for managers and executives for starting a new Scrum process.

  1. Start with a clear product goal—and a visionary guide (PO).
  2. Establish a co-located, cross functional team whose members between them have all the skills necessary to build the product. (Start with the smallest possible team. Let the team determine who/what skills they need to add as they progress.)
  3. Create a space for the team to work in, with plenty of wall space, whiteboards, index cards, tape and sticky notes.1 Listen to the needs of the team members, and serve as best you can.
  4. Introduce the team to their stakeholders and users.
  5. Get out of the way.

https://tobiasmayer.uk/works/scrumnotes/post?01

À rebours, la version aseptisée, que vous connaissez certainement, extrêmement compatible avec une pensée tayloriste qui nie l’humanité, la créativité et les ressort de la motivation du travailleur, vous l’aurez compris n’est pas ce que j’appelle l’agilité du manifesto.

Agile un terme que certains ont banni de leur c.v.

C’est malheureusement vrai, l’agilité a si mauvaise presse que certaines personnes, parmi les plus animées des valeurs agiles que je connais, n’utilisent plus ce terme. D’autres se revendiquent radicaux, dans le sens originel du terme, d’un retour aux racines de l’agilité.

Quoi qu’il en soit, parlons moins d’idées et aidons plus concrètement les gens qui galèrent et désirent être aidé, armés de l’agilité ou pas, certainement pas comme des missionnaires pensant que leur missel les met à l’abri des balles.

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